LE MESSIE

Tout le monde connaît l’oratorio de Haendel, ici on découvre le Messie de William Klein.

L’oratorio est une institution aux Etats-Unis, où innombrables sont les choeurs qui le chantent. La caméra de Klein va les chercher partout, dans les lieux les plus improbables : à Times Square, où se réunit le choeur homosexuel et multiracial de NY, dans une prison de Sugarland, Texas, où les prisonniers entonnent « Un enfant est né, un fils nous est donné », ou encore à Las Vegas, au milieu du nulle part des salles de jeux.
C’est ensuite une manière de visiter le monde, notre monde en cette fin du XXème siècle. C’est une société pétrie de religion que montre Klein, explorateur des multiples territoires de la foi, de ses grands et petits commerces.
Où l’on se surprend à penser à la prédiction d’André Malraux : le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas…
Les plans sont somptueux. On entre de plein pied dans l’univers de Haendel et on comprend la force de son texte lorsque l’image, en accéléré, ne nous montre plus qu’une société atomisée vivant à toute vitesse. Au loin, la ville scintille.
De près, la caméra panote pour nous faire découvrir le caractère dévasté des quartiers des laissers pour compte du rêve américain. Splendeur et déshonneur d’un monde qui laisse ses enfants fouiller dans les décharges publiques pour trouver de quoi se nourrir.
– Mais, est-ce ainsi que vivent les hommes ?
– Si Dieu est avec nous, qui peut être contre nous ?

Tout au long du film, le spectateur est convié au jeu des interprétations. Ainsi, le travail d’assemblage d’une voiture en accéléré rappelle qu’ici on travaille encore à la chaîne, alors qu’ailleurs on manifeste contre le chômage et on pleure de misère. La caméra de Klein multiplie les représentations,  les situations et les associations libres tandis que la musique suit sa partition sous la baguette divine de Marc Minkowsky.
Désormais, il sera difficile d’écouter l’oratorio sans y voir les grandeurs et décadences de notre siècle…

Presse:

Télérama : La turbulence des images scande impeccablement le tourbillon des voix, les brouillements des rythmes de Haendel, dont Minkowski, survolte la joie. Klein nous rappelle son premier métier, photographe. Rarement visages de chanteurs ont avoué d’aussi près leur concentration, leur envoûtement, jusqu’à la dépossession de soi-même, par l’émotion musicale. Et la passion du Christ nous bouleverse. Le Messie accomplit encore des miracles.

Le Point Magnifiquement humain. Le cinéaste réussit à glorifier l’homme tout en mettant en lumière l’isolement la désolation, la folie du fanatisme, la perdition dans les villes.

La Croix L’œuvre est sombre, mais pleine d’une pudique humanité. On a souvent la gorge nouée, le cœur serré.

 

Durée : 135’

Année : 1999

Réalisé par : William Klein

Avec la participation de : Canal +

2e image d'illustration